L’intelligence artificielle révolutionne-t-elle la musique ?
À l’occasion de la France Music Week, un sommet qui s’est tenu au Palais Garnier en juin 2025, journalistes et professionnels de l’industrie musicale se sont penchés sur un sujet majeur : comment la musique intègre-t-elle l’IA ? Le débat met en lumière à la fois des opportunités enthousiasmantes et des défis complexes.
1. Création assistée, nouveaux outils
L’IA générative s’invite désormais dans la composition, la production, l’analyse ou encore la promotion. Des plateformes comme AIVA (premier compositeur virtuel reconnu par la SACEM) ouvrent la voie aux morceaux écrits par algorithme, tandis que des startups proposent des outils d’analyse musicale capables de prédire le potentiel d’un morceau ou d’optimiser une stratégie marketing.
2. Gains de temps… et question émotionnelle
Pour les artistes et équipes, ces outils permettent de gagner un temps précieux : génération de paroles, bases musicales, campagnes promotionnelles… Mais beaucoup soulignent l’absence de l’intangibilité humaine : l’émotion brute, l’imperfection, l’irrationalité qui rendent l’art vivant restent difficilement duplicables par une machine.
3. Droits d’auteur & rémunération des créateurs
L’un des plus grands défis est l’entraînement des IA à partir d’œuvres existantes. Des experts comme Alexandra Bensamoun insistent sur l’importance de la transparence des données (prévue par l’AI Act) et sur la nécessité d’instaurer des modèles de rémunération adaptés pour les créateurs de contenu culturel.
4. Menace destructrice ou outil complémentaire ?
Selon une étude de l’Adami, 79 % des artistes considèrent l’IA comme une menace davantage qu’une opportunité, notamment du fait du risque de remplacement humain dans certaines professions. Les groupes entièrement générés en IA, sans êtres humains, suscitent également inquiétudes et questionnements.
5. Vers un modèle hybride et humain
Certains projets pionniers réussissent à allier supervision humaine et accès à l’IA : comme le duo FolkBadminton, qui produit des morceaux assistés par IA tout en gardant un contrôle artistique total, ou des artistes comme DeLaurentis qui utilisent ces outils pour explorer de nouvelles textures sonores tout en conservant une vision humaine forte. Cette approche hybride semble prometteuse pour conjuguer innovation et authenticité.
L’IA ouvre de nouvelles territoires créatifs (et marketing) dans la musique, mais soulève des questions fondamentales : émotion humaine, rémunération des créateurs, transparence et respect des droits. Le futur du secteur dépendra sans doute d’un équilibre intelligent entre automatisation et humanité.
L’important est de ne pas subir l’IA, mais de l’apprivoiser avec conscience — à l’instar de Jean‑Michel Jarre, pour qui elle représente un prolongement fascinant de notre imaginaire, un outil puissant mais encore au service de l’émotion humaine.
Enjeux clés à surveiller
- L’évolution de la réglementation européenne (AI Act) sur la transparence des données et les accords de licence
- Des modèles économiques innovants pour rémunérer équitablement tous les contributeurs culturels
- Le maintien de la place de l’humain dans la création et l’interprétation
L’avenir de la musique ne sera pas machine contre humain, mais humain avec machine : un duo créatif à inventer !