Nicolas Titeux : ingénieur du son, sound designer et compositeur !
Rencontre avec Nicolas Titeux, ingénieur du son, sound-designer et compositeur. Ce spécialiste du son sous toutes ses formes nous raconte son parcours, nous parle de son studio et de ses projets.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire ? Comment êtes-vous devenu ingénieur du son ?
« Je me suis formé à l’université où j’ai obtenu un Master en production et réalisation sonore. J’ai d’abord travaillé dans un studio de post-production sonore comme monteur son, mixeur et assistant pendant 2 ans, puis j’ai monté mon propre home studio, qui a pris de l’importance au fil des années et des projets. J’ai à mon actif des dizaines de longs métrages de fiction et documentaires, de nombreuses publicités, plusieurs jeux vidéo PC et console et des dizaines de jeux mobiles. »
Quelles sont vos spécialités ?
« Je suis ingénieur du son, sound designer et compositeur. Je travaille essentiellement en post-production. Je crée des sons et de la musique pour le cinéma et les jeux vidéo. Ma spécialité est de créer des sons de A à Z. Pour cela j’utilise un grand parc de micros, des transducteurs, je programme des synthétiseurs… Mon métier m’amène souvent à enregistrer des sons à l’extérieur du studio. C’est une phase très enrichissante. Je fabrique toutes sortes de sons : des sons enfantins pour Adibou, des sons d’UI technologiques, des dinosaures, etc. »
De quel type de matériel disposez-vous ?
« Je possède un petit studio équipé avec un système 5.1 Genelec, une paire de NS10, une carte son 828ES de chez Motu. Côté préampli, j’utilise un ISA One de Focusrite et deux compresseurs hardware de chez Klark Teknik : le KT2A et le KT76 qui sonnent incroyablement bien. J’ai un enregistreur de terrain Sound Devices. Côté micros, j’ai une collection de Neumann, Sennheiser, un Brauner Phantom, un Sanken CO100K pour enregistrer les ultrasons, des transducteurs, des hydrophones et plein de micros d’appoint : Oktava, Line Audio, Shure SM57 et SM58. J’ai aussi une collection de plus de 120 instruments de musique, dont un tiers de flûtes du monde. »
Travaillez-vous sur un genre musical de prédilection ?
« En tant que compositeur de musique à l’image et de musique de jeu vidéo, je dois m’adapter à un grand nombre de styles. J’aime beaucoup mélanger les sonorités, associer les synthétiseurs et les vrais instruments. J’aime la musique orchestrale, le jazz. En musique, j’essaie toujours de créer une surprise par l’emploi d’un instrument particulier, un changement de tonalité surprenant ou des accords inattendus empruntés au jazz. J’aime aussi jouer avec les mesures composées et les rythmes dits « bancals ». »
Des conseils pour les artistes émergents qui n’osent pas passer de leur chambre au studio ?
« Si le but est de devenir professionnel, il faut se faire connaitre et se confronter aux critiques de autres. Je suis persuadé que c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Par contre, je connais de très bons musiciens qui aiment rester amateurs et qui me demandent parfois des conseils de mixage. Tout dépend de votre objectif. Dans le cinéma, je pense qu’il est important de se faire connaitre auprès de jeunes réalisateurs avec qui on peut faire ses armes. »
Une petite anecdote à nous raconter ?
« En 2017, j’ai créé la musique et le son d’un film d’animation indien : Schrikoa, que vous pouvez voir en ligne sur Vimeo. Ce film a remporté de nombreux prix et a été sélectionné pour les Oscars. Nous sommes en train de travailler sur la version longue de ce film depuis trois ans. Un soir, à l’époque de l’écriture du scénario de ce long métrage, j’écoute une musique qui m’évoque une séquence particulière du film à venir : Song for Athene de John Tavener. J’envoie aussitôt le lien de la musique au réalisateur. Le lendemain matin je reçois sa réponse, à laquelle il joint un storyboard animé qu’il a réalisé quelques semaines auparavant (et que je n’avais jamais vu). Dans cette vidéo, il avait utilisé une autre version du même morceau Song for Athene ! Les grands esprits se rencontrent ! »
La crise sanitaire vous a-t-elle impacté et comment vous êtes-vous adapté ?
« Comme tout le monde, j’ai été impacté pendant le premier confinement car aucun de mes clients et partenaires habituels ne travaillaient. J’ai profité de ce temps pour enregistrer des sons très calmes, sans circulation ni bruits de moteurs. J’ai aussi écrit de nombreux articles sur mon blog (tel que mon article sur les 7 artifices du son au cinéma) qui m’ont permis de prendre du recul sur ma pratique, tout en partageant mon expérience. Ensuite mon activité a repris de plus belle car les projets avaient pris du retard. Je travaillais déjà beaucoup à distance avant le COVID, mais j’ai l’impression que les quelques réticences qui pouvaient exister vis-à-vis du télétravail ont complètement disparues et j’ai beaucoup de nouvelles propositions de projets. »
Des projets à partager ?
« Côté jeu vidéo, je vous invite à jouer à Ghost of a Tale, un super jeu d’aventure disponible sur PC et console, qui a gagné le Ping Award de meilleur jeu indépendant PC 2018, sur lequel j’ai créé tous les sons. Je vous invite aussi à faire un tour sur mon site www.nicolastiteux.com. Mon blog contient plus d’une vingtaine d’articles sur des sujets d’analyse sonore, des techniques de prise de son mais aussi des astuces de sound design. »
Merci à Nicolas pour ce bel échange. N’hésitez pas à rentrer en contact avec lui pour tous vos projets sonores !