Studio Cryogène – Bordeaux

Avant les fêtes qui ont enfin clôturé cette année drastique pour l’industrie, nous avons pris le temps de discuter avec Guillaume du Studio Cryogène. Un individu aussi passionné que rayonnant, venu nous en dire un peu plus sur son temple où l’ on crie au génie et où l’on cryogénise les mélodies. « La cryogénie c’est quand on fige quelque chose pour l’éternité » et c’est ce que Guillaume et son équipe font aux sonorités qu’on leur confie, ils les capturent pour la rendre éternelles. 

Pour vous, c’est quoi un studio ?

Un studio c’est avant tout un lieu de création, pour prendre un instantané d’un artiste à un moment de sa carrière, avec ses forces et ses fragilités. Il est là pour graver un moment de sa vie dans notre studio, et la technique est là pour servir son propos artistique. On se doit de les mettre les plus à l’aise possible pour qu’ils donnent le meilleur d’eux même!

Pouvez-vous nous raconter l’histoire du studio ?

Le studio a eu plusieurs vies : il y a 30 ans c’était le studio de Noir Désir qui s’appelait alors « la grosse rose » »
Il leur servait à faire leur préproduction, et quand ils étaient en tournée, tous leurs amis et groupes locaux y venaient pour enregistrer leurs albums, ce qui nous a valu un bon nombre d’anecdotes !

Avec Daniel Burkhart et moi même, nous lui avons redonné vie il y a maintenant 11 ans en refaisant tout le traitement acoustique et tout le câblage en plusieurs étapes au fur et à mesure des évolutions technologiques et de l’ampleur des projets que l’on recevait…

Et il y a 3 ans Benjamin Mandeau a fermé « la machine à rêves » en Charente et il est venue l’implanter ici en amenant tout son backline et son parc micro !

Quelles sont les spécialités du studio ? De quel type de matériel disposez-vous ?

Le studio est très fonctionnel. Il possède 4 cabines de prises de son aux acoustiques modulables et traitées différemment.

Le studio A est équipé avec du matériel analogique pour les prises de son. Grâce au format 500, on a un large éventail de « couleurs »
API, Tubetech, Neve, shadowhills… Il y a une Studer 169 que l’on peut aussi utiliser en sommation. 

Le contrôle des DAWS se fait via une RAVEN de slate digital, très pratique pour le workflow des travaux de son à l’image ou de la postproduction, car nous faisons aussi du mix multicanal.

Le studio B est plus dédié aux musiques actuelles et au rock avec une console soundcraft TS24 et beaucoup de matériel « Do it yourself ». Il y a notamment une belle collection de pédales de dispo en plus du kemper. Un joli Mélange de matériel vintage (space echo, echo chamber, reverb AKG bx20…).

Le studio a-t-il un genre musical de prédilection ? À qui est-il destiné (amateurs, professionnels, groupes…) ?

Le genre musical dépend surtout du mixeur ou producteur qui utilise l’outil.

Guillaume soigne les prises de son super naturelles des instruments de musique du monde, jazz ou classique. Benjamin, lui, a besoin de la puissance des rooms pour développer celle des groupes de rock qui jouent comme en concert et font trembler les murs du studio ! Puis finalement, tout le backline de synthé vintage ( MOOG, Prophète, juno, etc.) nous permettant aussi de répondre aux demandes des productions électros actuelles.

Il y a 2 autres ingénieurs du son qui partagent le lieu avec nous. Chacun a ses clients et il est fréquent de croiser dans la même semaine des groupes pros ou des artistes en préproduction. Pour ce qui est des amateurs, ils sont quand même des amateurs « avancés ».

Quel degré d’accompagnement proposez-vous aux artistes ?

La spécificité du studio est que nous avons aussi un département vidéo et graphisme au sein de nos locaux avec une régie broadcast à ainsi qu’un réalisateur et photographe résident qui connaît très bien le lieu.

Ce qui nous permet de capter des performances et des moments de vie tout au long des séances d’enregistrement, réalisation de teaser, photo de presse, etc.

Depuis cet été, nous avons aussi mis en place une installation de live streaming multicam permanente prête à diffuser des lives ou des interviews sur les réseaux sociaux.

Concernant la musique, nous abordons l’enregistrement dès la phase de préproduction de l’artiste des mois avant l’arrivée en studio.
Et comme tous les producteurs actuels, nous sommes forcés de propositions sur les arrangements et la production des titres en fonction du répertoire du groupe.

Des conseils pour les artistes émergents qui n’osent pas passer de leur chambre au studio ?

À chacun son métier… On est d’accord pour admettre qu’un titre enregistré dans une chambre peut devenir un tube international, mais il est toujours bon de venir demander conseil à un professionnel qui saura avoir du recul sur la qualité des prises de son, la pertinence des arrangements et la qualité de la production.

On est toujours à l’écoute d’un artiste motivé pour améliorer ses mixes. La plupart de nos productions finissent masterisées dans les mains d’Alexis Bardinet de Globe Audio Mastering avec qui nous avons une relation très proche. Il nous envoie aussi des projets pas assez « aboutis » pour le mastering afin que nous améliorions les mix et que son travail n’en soit que plus efficace.

Vous avez dû voir passer de nombreux artistes. Une petite anecdote à nous raconter ?

Il y en a une assez intéressante sur Odezenne qui faisait partie de nos tout premiers clients il y a 10 ans. À l’époque où ils sont venus, ça s’écrivait 02 ZEN comme l’oxygène. Et les mecs commençaient déjà à avoir un bon petit frémissement de com’ et de notoriété. Au beau milieu de l’enregistrement, ils se sont dit « Ah non les mecs là ça va pas le faire, notre nom est nul. On ne va pas l’appeler comme ça, on va changer complètement l’orthographe ». J’étais persuadé qu’ils étaient fous de faire ça à ce stade de leur carrière, de repartir à zéro a un moment si crucial. Un bon pari au final, parce que la première fois qu’ils ont réservé un studio, j’ai tapé leur nom sur internet et je ne trouvais rien. Aujourd’hui, il y a des milliers de pages à leur sujet !

Des projets futurs à nous partager ?

Il y a un an, on a retrouvé un vieux 4 pistes à cassettes, et du coup, on a lancé une chaîne YouTube : « 4 Track session ». C’est un concept qu’on propose aux artistes qui viennent enregistrer chez nous. À la fin de leur session on sort les 4 pistes, les 4 micros qui vont avec, Eric le réalisateur prend sa caméra et on se fait 2 plans séquence pour immortaliser le moment. Ça fait un souvenir et une actu en plus pour le groupe.

Le dernier est sorti le 18 décembre avec TIG (Tom Ibarra Group) un sextet de jazz à tendance electro. Pour le coup, un bon challenge d’enregistrer 6 musiciens avec 4 micros ! 1 seul pour toute la batterie, 1 synthé dans 1 ampli, la GTR et la basse dans le même ampli et 1 seul micro pour les 2 cuivres, le tout en 2 prises. Super projet à suivre attentivement d’ailleurs, l’album est sorti début décembre.


On travaille aussi sur un projet de théâtre de science-fiction où l’on fait la création musicale et visuelle. C’est une scène sur l’Homme amélioré ça s’appelle «  AustralopiTech ».

Vous aussi, vivez l’expérience Cryogène

Merci à Guillaume pour ce moment de partage. Ce fut un réel plaisir de parler création, histoire, anecdote et bien sûr, musique ! Si vous cherchez un lieu plein d’âme pour enregistrer vos titres à Bordeaux, n’hésitez plus. Vous serez accueillis comme des rois sans aucun doute ! Rendez-vous sur le site Cryogène.

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